Bonjour à toutes,
Le temps est venu de voter pour le texte & la création qui vous paraissent le mieux représenter le thème du voyage. Voici donc les travaux de nos quatre participantes :
I.
Ose le voyageOses le voyage
Celui vers les songes
Traces le sillage
Des vils mensonges
Prend donc ma main
Et envole toi vers l'infini
Le temps des lendemains
Sans fin enfin se fini
Sur les marches de l'oubli
Toujours je t'attend
A travers mon masque, affaibli
J'ai assassiné le temps
N’ai crainte petite chose
Je serais ton guide
Tu ne feras pas d'overdose
Car tout sera fluide.
- Spoiler:
II.
Voyage au soleilL'hématome envahit peu à peu le ciel,
Dispense une lumière faible,
Sur ce paysage apocalyptique,
Qui enveloppe l'île désertique.
Et l'unique rocher noir de nuit trône ici,
Au centre de cette plage de galets sombres,
Tout s'assombrit et se fond dans la pénombre,
Dans le brouillard violacé où la mer gît.
Les arbres se redressent face au vent,
Silhouettes immobiles par tous les temps,
Le ciel crépusculaire efface,
Les derniers rayons du soleil qui lui font face.
Toujours plus faibles, ils illuminent,
Ce lieu enfermé entre ciel et terre,
Où tu as commencé ton voyage,
Pour le retour tes pas t'y menèrent.
- Spoiler:
III.
Welcome To HellDans ma vie, j'ai beaucoup marché. Cherchant ma voie sans jamais la trouver. Allant à gauche. Allant à droite. Avec l'espoir de réussir un jour à cesser tous ces détours. Pouvoir avancer droit devant moi. Apercevoir le soleil, parfois. Il y a bien longtemps que la semelle de mes chaussures s'est usée. Mais, je continue de marcher. Un pas après l'autre. Perpétuellement. Il m'arrive de ralentir mais je ne m'arrêterai pas. Il m'arrive de me retourner mais je ne reculerai pas. Tout du moins le pensais-je.
- Bienvenue en enfer, ai-je pu lire.
Et, je me suis arrêtée. Et, je me suis reculée.
Parce que je venais de réaliser que le voyage ne faisait que commencer.
- Spoiler:
IV.
Le vrai voyage« Liwana cesse de rêvasser on a du travail ! »Liwana contemplait l’aube qui se levait tout juste, le soleil renaissait de ces cendres, chassant l’astre sélénite et son peuple étoilé, ne laissant sur ce champ de bataille qu’une aura écarlate. Sous ce ciel cinabre se profilait une plaine marquée de quelques forêts et de nombreux champs. Un paysage magnifique aux teintes encore endormies, mais pourtant la jeune fille ne pouvait contemplait ce paysage que d’un regard éteint, pensif. Sans jeter un regard à sa sœur jumelle qui la hélait, elle la suivie afin d’accomplir les même tâches harassantes comme elle le faisait tous les jours, indéfiniment…
Croyez-vous que l’on accepterait de naître si on en avait le choix ? Je suis persuadée que mon âme aurait préféré rester dans le néant plutôt que d’exister et de souffrir. Oui la vie était bien avare en bonheur, comparable à l’ambroisie des dieux, un doux met si rare et délicat que seuls quelques rares privilégiés pouvaient se permettre de siroter. Oui tout est bien plus simple si l’on n’avait jamais existé…
Qui suis-je pour vous conter des paroles si sombres ? La politesse m’oblige à me présenter. Je me nomme Liwana, oui tout simplement Liwana, une esclave telle que moi ne peut se permettre d’arborer avec fierté un nom qui fait de moi un être à part entière. Du moins, voilà longtemps que le temps où je portais encore une telle identité est révolue. Nebeïha se tourna vers sa sœur et lui tendit un morceau de pain piqué dans les cuisines, elle prit soin de la remercier pour ce risque et dévora son maigre déjeuner. Les deux sœurs se ressemblaient comme deux gouttes d’eaux, âgées de vingt et un ans elles arboraient toutes deux une chevelure blonde hirsute et mal entretenue, coupée rapidement au niveau des épaule et coiffée en un chignon. Un visage fin et amaigrit, de taille assez grande, les os saillants et une fine tunique de lin, quelques bandes de tissus pour chaussures.
Oui elles étaient toutes les deux identiques, à un point près : leurs regards.
Les deux soeurs possédaient des yeux verrons, l’un vert et l’autre bleu, leurs prunelles étaient déstabilisantes. Liwana avait son œil droit azur, et l’autre de jade, son regard était plutôt effacé et triste, terni par le temps. Sa jumelle quant à elle avait l’œil droit émeraude et l’autre océan, ses pupilles étaient plutôt vives et malicieuses.
Ma sœur jumelle a toujours su faire face à la difficulté, elle est forte et sait sourire à la vie, se redresser. Moi je suis timide et frêle et Nebeïha a toujours dû m’aider à me relever, me soutenir. Comment pourrais-je l’en remercier ? Comment fait-elle pour être si forte et oublier cette douleur lancinante qui martèle nos âmes ? J’ai beaucoup de respect pour cette fille si brave qui me soutient tant et qui est le dernier membre de ma famille, elle est tout pour moi.Liwana arrachait quelques mauvaises herbes parmi les fleurs colorées et épanouies du jardin, d’un geste machinal et habituel, la peau de ses mains s’était assez durcie pour que les chardons et ces autres plantes désagréables à prendre en mains ne la blessent.
Un rugissement retentit et elle vit voler haut dans le ciel un dragon. Imposante créature et fière, les dragons passaient rarement dans cette région trop peuplée d’hommes pour eux, elle afficha un regard émerveillé, et suivie le vol de la créature majestueuse au loin.
Nous avons tous des rêves, des désirs. Celui qui me tient le plus à cœur, c’est celui du voyage, j’ai toujours rêvé de parcourir les terres, visiter toute cette myriade de villages, voir les couleurs des fêtes, sentir les épices. J’ai entendu que dans certaines contrées lointaines, les hommes volaient sur les dragons et effleuraient les nuages. N’est-ce pas merveilleux une vie comme cela ? Être libre et courir dans les prairies, sentir l’herbe fraîche chatouiller les jambes, laisser nos mains frôler les fleurs estivales, et nourrir son regard de tant de choses merveilleuses et simples ! Mais hélas je suis esclave, et porte le sceau des esclaves, si je fuis, je serais tuée, alors je reste cloîtrée dans cette maison, chez ce seigneur, à rêver… À désespérer…« Je sais à quoi tu penses Liwana, moi aussi j’en rêve, mais si ils voient que tu ne travailles pas… »Nebeïha ne put finir sa phrase, la gorge serrée, la tête emplie des souvenirs des nombreuses punitions que les deux sœurs avaient subies par le passé, leurs corps en portaient encore les cicatrices écœurantes des temps anciens. Liwana se remit au travaille, amer de la réalité, de cette vie empoisonnée. Pourquoi la vie était-elle si injuste ? Les deux sœurs jumelles étaient issues d’une grande lignée d’une famille puissante. Elles grandirent paisiblement, apprenant les uses et coutumes d’une parfaite dame du monde, s’épanouissant dans cet univers. Hélas à leur neuf ans, le palais fut attaqué et bon nombre de ses habitants tués. Les deux jeunes sœurs furent les seules survivantes de la famille et le seigneur voisin, maître de la tragédie décida d’en faire ses esclaves. Durant de nombreuses années elles furent raillées, humiliées, elles, ces princesses déchues, plus que les autres esclaves elles souffrirent à cause de leur rang, de leur naissance et de cette famille maudite.
Je me souviens encore des regards amusés de nos maîtres qui se plaisaient à nous traîner dans la boue, nous insulter et se moquer de nous. À cette époque encore nous étions frêles et peu habitués à une vie aussi hostile. Heureusement que ma sœur fut présente à mes côtés, à prendre soin de moi comme une mère le ferait. Je serais morte sans elle…
Et ensemble nous avons nourris notre rêve, nous nous racontions des voyages imaginaires, tantôt l’une avait gravit la plus haute montagne et tantôt l’autre avait pénétrer la plus profonde des forêts. C’est notre seul moyen de vivre, ces faux voyages et cette fausse liberté. C’est notre unique lien avec la lucidité.La maison est agitée de tout côté, le seigneur du château venait de faire une nouvelle acquisition pour le moins étonnante, c’était une créature encore jeune mais dangereuse, légendaire et si rare. Le maître des lieux avait désiré cette bête fière et libre pour son propre orgueil, la soumettre à sa volonté pour son satisfaire son ego et se persuadait qu’il n’y avait pas meilleur que lui.
Nebeïha et Liwana furent les deux esclaves à qui il confia la tâche de s’en occuper. Ho ce n’était pas une tâche amusante, la créature était intelligente et rancunière et bien qu’enchaînée, la mort était promise à qui s’en approchait de trop près sans s’en se méfier.
Liwana fut la première à voir cette créature, elle vacilla, ses yeux s’agrandirent. Bien que jeune la créature était déjà un peu plus grande qu’elle, elle possédait un plumage aux couleurs des flammes, le bout de ses plumes avaient parfois des teintes plus froides mais pétillantes. Ses pattes massives retenues par d’épaisses chaînes, des serres acérées et tranchantes, un regard écarlate et foudroyant, une tête haute et fière sertie d’un long plumage et d’une longue crête emplumée et un bec long et fin légèrement recourbé.
Un phœnix… Bouche bée la jeune fille lâcha le seau et le balais qu’elle tenait, venue pour changer la paille et nourrir la créature elle ne s’attendait pas à voir si splendide créature. Puis ensuite la peur l’envahit, l’oiseau du soleil s’était redressé et étirait ses ailes, rétractait ses griffes, menaçant. Elle eut envie de fuir, de courir loin de cette créature mais elle n’eut pas le choix et ravala sa salive avant de ramasser son matériel.
« Tout doux je viens juste m’occuper de toi. »Espérait-elle que la créature lui fasse confiance après avoir été autant trompée par les humains ? Au son de sa voix, l’oiseau s’agita encore plus. Comment faire pour récupérer la paille sans être déchiqueter par son bec ou ses serres ?
« Je ne te veux aucun mal voyons ! Arrête tu me fais peur ! »Le phœnix sembla se revigorer d’avantage, son regard pris une lueur satisfaite et il avança son bec juste devant le visage de Liwana. Les chaînes le retenait de laminer son visage frêle, la jeune fille était paralysée, glacée par ce regard ardent et par cette colère sans fin. Elle tomba à genoux, les larmes ruisselaient de ses yeux écarquillées. Si elle ressortait de cette pièce sans avoir accomplie son devoir elle serait battue à sang et à mort. Cette pensée la fit frissonner de terreur. N’était-elle vouée qu’à une mort affreuse ?
À ce moment-là mon moral était au plus bas. J’entendais déjà le rire narquois de mon maître s’imaginant me faire le choix de ma mise à mort : mourir déchiquetée ou battue ? Quel était le pire ? Je pouvais l’entendre glousser de ma miséricorde, de cet ultime supplice qu’il me fallait subir. Je voyais mes rêves s’enfuir loin de moi, me vider de mes forces et de mes espoirs, ternir mon regard et me tuer à petit feu. Mes rêves voyageaient loin de moi tant que je restais dans cette pièce sous le regard impitoyable de la créature, pourquoi ne pouvais-je donc découvrir les merveilles de notre monde ?Une idée farfelue ? Très certainement. Dans tous les cas Liwana ne trouva que cette unique solution. Elle avança sa main vers la tête de la créature, tremblante. Celle-ci s’empressa de saisir la main dans son bec, mordant de toutes ses forces, broyant les os et détruisant les muscles, le sang coulait à flot. L’esclave hurla de douleur, non elle n’était pas la fille forte qui savait serrer les dents loin de là. Le phœnix semblait décider à ne pas s’en tenir là et serrait de plus en plus fort, comme s’il voulait arracher la main, puis il remarqua que la jeune fille n’essayait pas de s’échapper, ne semblait pas vouloir le fuir, ni le frapper, elle supportait sans bouger la punition infligée. Cela lui suffit, il lâcha la main et cessa d’être menaçant.
« Libère moi de ses chaînes et je t’aiderais à fuir » Liwana observa la créature, incrédule. Cela faisait désormais quelques temps qu’elle s’occupait de la créature, qui était devenue affectueuse avec elle. Mais jamais elle ne pensait que le phœnix communiquerait avec elle. Déboussolée la jeune fille recula légèrement. Jamais elle n’aurait espéré qu’on les aiderait à réaliser leur rêve sa sœur et elle. Non elle avait placé depuis bien longtemps ce désir en une simple utopie.
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Tout ce passa très vite après, lorsque mes idées se remirent en place je tombai dans l’euphorie de pouvoir découvrir enfin le monde et voyager, l’euphorie de payer ma dette envers ma sœur et lui offrir se dont elle rêvait le plus également. La créature n’avait pas la force de voler avec nous deux, alors je pris mon courage à deux mains. C’était à moi de guider ma sœur. Alors je décidai que Nebeïha monterait sur le dos de notre salvateur et j’attendrais dans un coin du jardin, à l’abri des regards. En très peu de temps notre fuite fut organisée et dérober les clefs des chaines du phœnix fut chose aisée. L’action se déroula dans la nuit. Tout allait pour le mieux du monde et j’observais ma sœur voler au loin dans la forêt voisine sur le dos de l’oiseau du soleil. Mon cœur bondissait dans ma poitrine, la joie et le bonheur s’offrait enfin à nous, enfin nous étions sur le point d’effleurer ses douces utopies qui nous nourrissaient depuis maintes années.
Hélas comment avions-nous pu être si idiotes ? Dérober le plus beau des trésors, non cela avait été trop facile, oui vraiment. Lorsque le phœnix revint me chercher, les nuages disparurent et la lune nimba d’un reflet argenté la toison ardente de la créature. Un soleil au milieu de la nuit. L’alerte fut donnée.
On me vit courir vers la créature, monter sur son dos, on hurlait de nous tuer, les flèches fusaient de tous sens et ce fut un miracle que je rejoigne ma chère sœur.
Arrivé dans la forêt, nous savions que nous n’avions peu de temps, il nous chercherons.
Nebeïha se jeta sur moi, heureuse de me savoir en vie, sans plus attendre je la fit monter sur le phœnix je lui dis que je courrais derrière, que j’étais plus discrète que elle et que ça ira. Elle me le fit promettre.
« Oui ça ira. » Je souris à ce moment-là, du plus beau sourire que je n’avais jamais dessiné sur mon visage ; les ombres de la forêt masquaient mes yeux brillant de chagrin. Du bonheur ? Notre rêve était si proche.
Avant que l’oiseau ne décolle, je lui fis promettre quelle survivra, quelle devra voyager, visiter la plus haute montagne, voir les prairies d’émeraudes, je lui fis promettre de le faire quoi qu’il arrive.
Elle me le promis. Je pleurais, l’oiseau décolla, je n’eus pas le temps de lui promettre que je vivrais, non j’eus juste le temps de lui promettre que moi aussi je découvrirais le monde.
Je pleurais. Je savais. Ma sœur partait au loin, elle ne pouvait me voir sous le couvert des arbres.
Non ça n’ira pas… Je ressasse le passé, toutes ses images sont imprégnées dans ma tête. À qui parle-je ? Je ne sais pas, est-ce cela lorsque l’on voie notre vie défiler devant nos yeux ? En ce moment même je suis allongée dans la forêt, j’observe les branches danser au son du vent, ma vue se brouille. Pourtant je pensais que mes larmes ne coulaient plus. Que s’est-t-il donc passé ?
En fuyant avant de grimper sur notre sauveur une flèche m’atteignit bien ancrée dans le dos, en chutant à cause de la douleur, la hampe se brisa, sous le coup de l’adrénaline je trouvai la force de me relever, de continuer. Je savais qu’il était trop tard pour moi, mais je voulais que ma sœur me sache sauve, je voulais lui faire promettre, je voulais qu’elle réalise ce rêve que je désirais.
Désormais je suis là et je vais mourir. Je ne vois plus rien. Au fond la mort n’est pas si mal, je souris. Je suis heureuse et je n’ai pas de regret. Adieux monde de souffrance. J’ai compris au fond ce que je recherchais réellement en parlant de voyage.
Je n’entends plus rien, je suis coupée du monde, seul me reste une douleur lancinante dans le dos. Mes forces me quittent j’ai sommeil, je sens aussi le froid happer mon corps.
Oui c’est bien cela, au fur et à mesure que ma conscience se brouille tout devient clair. Je vais enfin entreprendre le Vrai voyage. Celui que je recherchais depuis toujours. Voguer sur l’océan de l’oubli, apercevoir les terres inconnues, découvrir ce que nul être vivant n’a pu voir et entendre, aller au plus loin oui voyager dans les astres, et observer de loin cette terre si ridicule, si insipide.
Je suis heureuse.
Je vais mourir.
Je suis heureuse.
Je vais commencer mon voyage.
Celui qui n’appartient qu’à moi et dont j’en suis le maître.
Je vais mourir.
Adieux cher monde.
Adieux cher sœur.
Je meurs.
Mon voyage ne fait que commencer. - Spoiler:
Date Limite : 8 Juin 2013